Origine de la chanson traditionnelle québécoise

Origine de la chanson traditionnelle québécoise

L’essence de la chanson est une voix qui s’élève, avec ou sans percussion. On chante depuis le berceau de l’humanité pour implorer les dieux afin d’avoir de bonnes récoltes, d’avoir de bonnes chasses ou d’avoir la force de battre les ennemis. On chante aussi pour fêter.

Les grecs commencent à considérer la musique comme une discipline à part entière au même titre que la philosophie ou les sciences. Elle fait alors partie intégrante des représentations théâtrales. Ils organisent aussi des compétitions entre musiciens.

Les chansons que l’on considère traditionnelles comme  »À la claire fontaine » ou  »La route de Berthier » prennent leurs sources dans le Moyen-Âge. Au VIe siècle, l’Église établit comme seules gammes acceptables les modes grecs (les mêmes 7 modes que ceux de nos jours mais ils ne portent plus les mêmes noms). L’Église condamne les gammes orientales q ui étaient bâties sur des quarts de tons. Elle les juge trop efféminées.Une chose moins connue est que ces quarts de tons étaient aussi utilisés par les Grecs. Les chants grégoriens commencent alors en se basant sur ces modes. Les chansons du folklore seront influencées par ces modes. Au XIIe et XIIIe siècles, les troubadours et les trouvères commencent à chanter dans la langue du peuple, ils délaissent le latin pour le français.

Les chansons traduisent les aspects de la société. Il y a les sirventes, des chansons politiques; le canson, chanson d’amour; le tenson, joute poétique dialoguée (faisant par exemple alterner les réparties féminines et masculines); la chanson de toile et autres chansons de métier, la chanson de toile se chantant en filant; la chanson à boire; et autres.

Les chansons traditionnelles du Québec proviennent surtout de la France. Lorsqu’elles seront répertoriées (nous en parlerons plus loin dans le texte), les chercheurs découvriront que l’utilisation des modes au Québec n’a pas été remplacée par le mode majeur et mineur tel que cela s’est produit en France. Les premiers habitants de la colonie ont été plus fidèles aux chansons d’origines alors qu’en France on a modifié la mélodie pour qu’elle soit plus  »acceptable ». En effet, à un certain moment, les théoriciens de la musique et les compositeurs ont choisi de n’utiliser que le mode majeur et mineur qui a été l’épine dorsale de la musique classique.

Dans ce mouvement, la musique instrumentale, notée et élaborée, dite sérieuse, sera dissociée des chansons des troubadours et des trouvères, considérée par les savants comme un art mineur. De plus, la musique utilisera un code de plus en plus précis. Aussi, on passera de l’harmonisation (plusieurs notes jouées en même temps) à l’unisson et à l’octave, à des harmonisation à la quarte et à la quinte. Ce sera le début de la musique polyphonique à partir du IXe siècle. Les autres intervalles étaient jugés impures. Ce qui est acceptable a évolué au fil des siècles, il y a eu ensuite les intervalles de tierce puis maintenant on cherche plutôt à rendre compte de la diversité d’émotions et de sens que peut traduire la musique.

La grande scission entre la musique instrumentale et les chants grégoriens s’effectue à la Renaissance. On conserve quand même le terme  »voix » pour chaque ligne d’instrument.

Les chansons traditionnelles au Québec ont été adaptées pour accompagner les métiers et les événements divers de la vie des colons. Mais parfois aussi sont demeurées fidèles aux thèmes d’origine. Par exemple, les premières chansons répertoriées au pays sont des chansons à répondre. Celles-ci sont utilisées entre autre par les canotiers pour rythmer les efforts engagés en pagayant. On retrouve dans cette catégorie la chanson  »C’est l’aviron qui nous mène ». Les chansons à répondre proviennent des chansons en laisse du Moyen-Âge dans lesquelles les derniers vers d’un couplet étaient repris au commencement du couplet suivant.

On retrouve une foule de  »chansons de labeur » ou  »chansons de métier » passant de la pêche ( »Partons la mer est belle ») au travail de la laine ou de la coupe du bois par les bûcherons. Il y a aussi des chansons de danse sous forme de  »rondes » ( »trois fois passera ») ou des chansons énumératives ( »Une perdriole »,  »Alouette »,  »Savez-vous planter des choux »).

Les chansons traditionnelles québécoises nous renseignent sur la culture de l’époque, son attachement à la mère patrie, sa capacité à s’amuser malgré la vie difficile, son côté moqueur (par exemple en riant des pouvoirs du clergé ou des rois et des relations hommes/femmes).

Le folklore s’est transmis pendant longtemps de façon orale. Mais tout au long du XIXe siècle, des gens passionnés le mettent par écrit. On peut nommer Edward Ermatinger, Octave Crémazie et Ernest Gagnon qui font des ouvrages dédiés à ce sujet. Au début du XXe siècle, des ethnologues tels Edouard-Zotique Massicotte et Marius Barbeau poursuivent le travail. En 1920, Ovila Légaré présente les Soirées de famille et par la suite Conrad Gauthier poursuit avec Les veillées du bon vieux temps. En 1944, on fonde, à l’Université Laval, Les archives de folklore. À partir de 1937, l’abbé Charles-Émile Gadbois fait paraître les recueils de La Bonne Chanson. Parfois par intérêt ethnologique, parfois pour rassembler la Canadiens-Français autour d’une culture commune ou pour faire naître un sentiment patriotique, ces différents efforts ont eu comme résultat de sauver de l’oubli des milliers d’oeuvres. Maintenant, c’est à nous de connaître, découvrir et partagés ces trésors.

Livres :

Th. Gerold. Histoire de la musique : des origines à la fin du XIV siècle. Paris. 1936.

R. Léger. La chanson québécoise en question. Montréal. 2003.